Jusqu’à son décès, en avril 2016, Luc Blanchard a travaillé les images et les sons pour mettre au jour des films consacrés à la vie des gens. De longue date, au nom de ses convictions, il s’était engagé dans des luttes sociales. Son cinéma en était la transposition poétique. La mort l’a fauché alors qu’il allait débuter le tournage de sa première fiction.
Dès 2003, il s’était lancé dans l’aventure du film Rêves d’Habitants, consacré aux combats et aux rêves des habitants du quartier de Kermarron à Douarnenez qui se concrétisèrent par la construction de la Maison Solidaire.
De la radio au film
« Luc avait débarqué dans le monde de l’audiovisuel par le biais de la radio. Le réalisateur Jean-Paul Mathelier et l’agriculteur Henri Peuziat se souviennent que leur ami s’est occupé en 1980 de la radio de Plogoff lors du mouvement de résistance contre l’implantation d’une centrale nucléaire au cap Sizun, puis qu’il a été animateur et directeur de Radio Cap à Douarnenez. Ce sont des années de militance que les trois hommes ont partagé. « Luc était quelqu’un de solaire, d’une façon douce qui réchauffait. Il était très aimé, généreux, souriant, accueillant », souligne Jean-Paul. Avec Henri, Luc continuait à militer au sein des associations Plogoff, mémoire d’une lutte et Alerte à l’Ouest. »
« Au son s’est vite ajoutée l’image. Luc a partagé son temps entre la réalisation de films documentaires et institutionnels, et le montage. Il a monté plusieurs films de sa femme, la réalisatrice Gabrielle Maillet: Deux ou trois choses de Sanzay, L’insolente, Des femmes pas comme il faut. Gaëlle Douël et Jean-Jacques Rault ont vécu avec lui l’expérience inédite d’un premier montage sur leur documentaire Iwan, le yoyo. « Nous avons appris le montage avec lui. C’était quelqu’un de très calme et d’apaisant. Il a eu de la patience avec nous, prenant le temps de l’explication. Il savait désamorcer avec humour les inévitables tensions qui surviennent au cours d’un montage », racontent-ils. »
Elzéard Image
« Au début des années 90, Luc et Gabrielle ont créé l’association de production Elzéard image. Cette structure a notamment permis au réalisateur de diversifier son activité en tournant, par exemple, plusieurs films courts pour le musée du Léman à Nyon en Suisse et pour le Port Musée de Douarnenez. « L’univers maritime était très important pour mon père », souligne Clément qui précise que « Elzéard est une référence au roman de Jean Giono, ‘’L’homme qui plantait des arbres‘’ ». On quitte la mer pour la Provence intérieure. Mais on comprend ce que l’histoire de ce berger provençal qui transforme une région désertique en forêt pouvait représenter pour Luc qui n’a cessé de s’engager dans des luttes sociales et environnementales. »
Georges Lapassade et Luc Blanchard sur le tournage de son dernier film Où passa Lapassade.