Accueil » Kermarron… Rêves d’habitants

Kermarron… Rêves d’habitants

Luc Blanchard est indissociable de Kermarron, de ses rêves, de ses luttes, de ses réalisations. Il n’a malheureusement pas pu fêter en 2016 le trentième anniversaire du mouvement qui continue de rendre les rêves possibles.

1986-2016. Trente ans de laboratoire social. Trente ans de bouillonnement, d’un savoir-faire reconnu et d’une capacité à faire vivre le lien social dans un quartier qui s’estimait jusqu’alors un peu « oublié ».

Trente ans d’innovations qui ont érigé Kermarron et sa Maison Solidaire en « modèle », bien au-delà de Douarnenez, au travers des « Rêves d’habitants », ce réseau d’échanges avec les quartiers d’autres villes françaises, voire d’Amérique Latine dont Rosario en Argentine.

 Rêves d’habitants, Rêve d’un matin, À quoi rêvez-vous pour votre quartier. Ces titres de quelques-uns des films réalisés par Luc Blanchard reflètent une de ses préoccupations majeures : garder l’espoir en toutes circonstances, se projeter dans l’avenir quelle que soit la situation présente. Paul Cornet a produit Rêves d’habitants, film qui accompagne des résidants de la cité de Kermarron à Douarnenez dans un voyage à Marseille qu’ils fantasmaient depuis longtemps : « Ce qui était marquant chez Luc, c’était cette façon qu’il avait de toujours pousser les gens à réaliser leurs rêves. Cette idée que les habitants reprennent leur destin en main collectivement lui tenait vraiment à cœur. C’est pourquoi il s’intéressait à certaines initiatives citoyennes qu’il mettait en lumière dans ses films. »

Luc avait imaginé une suite à ce documentaire sorti en 2004. L’été dernier, il avait terminé l’écriture d’une fiction de 50 minutes produite par Aber Images et inspirée par les habitants de Kermarron dont il était resté très proche. Il jouait du saxophone dans la fanfare du quartier et était impliqué dans les activités du centre social. Clément, son fils, décrit ce projet comme « une comédie dramatique musicale ». « Mon père m’avait demandé de créer une chorégraphie avec les habitants du quartier ». Ce film à la forme hybride aurait « mêlé des images documentaires à celles de la fiction ».

« Luc parlait de ce film comme d’un conte, un conte musical avec un aspect militant pour ne pas désespérer », ajoute Aurélie Dupuy qui travaillait sur le projet comme assistante de production et devait seconder Luc à la réalisation. « Mais un conte tiré du réel. Il était très touché par les gens qui se battent pour conserver le peu qu’ils ont. Il essayait de trouver de l’espoir tout en étant très lucide. C’était quelqu’un d’encourageant et de bienveillant. Il voulait transposer la lutte sociale des habitants de Kermarron dans un récit poétique. » La jeune femme cite Jacques Tati et Jacques Demy dans les sources d’inspiration du réalisateur.

 

« Le quartier de Kermarron rêve d’être plus beau, plus convivial, plus solidaire. Mais plutôt que d’en rester à l’impossible, les habitants ont des rêves réalisables. Avec les « Ateliers de l’avenir », Kermarron dit simplement ce qu’il veut devenir. » Le Télégramme (5/03/2012)